Prendre des mesures est un acte des plus banals. Nous utilisons ce langage à chaque fois que nous avons besoin d’être précis, pour le commerce ou l’échange d’informations. Autrefois, on déterminait les distances avec son pouce, son pied ou son coude. Ces mesures ne sont plus d’actualité, bien que les personnels des associations humanitaires qui n’ont pas de mètre de tailleur dans leur poche y recourent encore pour évaluer les mensurations des personnes dans la rue. Le kilogramme de référence, cet objet en platine iridié déposé au pavillon de Breteuil à Sèvres, nous apparaît toujours bien concret. Mais, pour les chercheurs, c’est désormais fini. Les États membres de la Conférence générale des poids et mesures ont adopté une nouvelle définition du kilogramme pour la masse, mais également de l’ampère pour l’intensité électrique, du kelvin pour la température, de la mole pour la quantité de matière. Un kilo pèsera toujours un kilo, mais il le pèsera avec beaucoup plus de rigueur scientifique. « Pour les scientifiques, une bonne unité de mesure doit être pérenne dans le temps, invariable dans l’espace, connue de tous et accessible à tous. Avant, on ne pouvait pas. Le pied du roi, par exemple, n’était accessible qu’aux proches du souverain. Avec le temps, on a compris que, pour avoir des unités stables et les comparer avec celles nos petits-enfants, il fallait les dématérialiser », explique Estefanía de Mirandés, secrétaire exécutive du Comité consultatif des unités du BIPM, le Bureau international des poids et des mesures.